valois Les personnages c?lebres




Personnages c?l?bres ou faits marquants

??Jeanne d arc en armure

Jeanne d'Arc




Née vers 1411 Morte en 1431



La Pucelle d'Orléans


Biographie rédigée par Ringo, Modérateur du Forum Roi et Président.

I.

Jeanne naquit ? Domr?my: ce village faisait partie ? l'?poque du Barrois, et les comtes de Bar ?taient vassaux directs des rois de France, ce qui signifie que les habitants de Domr?my ?taient sujets de Charles (VII). La partie nord de ce village (avec Greux) relevait de la ch?tellenie de Vaucouleurs, et la partie sud de la ch?tellenie de Gondrecourt.
Le p?re de Jeanne, Jacques (ou Jacquot) d'Arc ?tait laboureur. Il s'opposa ? la "mission" de sa fille; n?anmoins, on le verra ? Reims ? l'occasion du sacre du Dauphin, et il sera anobli par celui-ci en d?cemmbre 1429. La m?re de Jeanne, Isabelle Rom?e, naquit ? Vouthon (vers 1385). Elle aussi sera anoblie en 1429; plus tard, elle se fixera ? Orl?ans (en 1440) o? elle mourut le 28 novembre 1458. Jacques et Isabelle eurent cinq enfants:
1- Jacquemin, mort sans alliance avant 1455
2- Catherine, ?pouse de Colin le Maire
3- Jean suivra sa soeur ? Orl?ans, sera anobli en 1429 avec ses parents et son fr?re Pierre. On le nommera plus tard bailli de Vermandois, et il finira sa vie comme pr?v?t de Vaucouleurs
4- Pierre sera lui-aussi au si?ge d'Orl?ans, et assistera au sacre du dauphin. Il sera fait prisonnier avec sa soeur ? Compi?gne le 23 mai 1430 (lib?r? contre ran?on). Il se fixera ? Orl?ans o? il mourut entre 1465 et 1467. Il laissa un fils Jean, mort sans enfant
5- et enfin Jeanne (appel?e parfois Jeannette), n?e vers 1411-1412, que rien ne pr?destinait ? devenir ce qu'elle est devenue ...

II.

Jeanne a eu une enfance bien ordinaire, comme toutes les jeunes filles de sa condition: elle participait aux travaux de la maison familiale (elle dira durant son proc?s "qu'elle ne craignait aucune femme de Rouen pour filer et coudre"), aidait parfois son p?re ? labourer et gardait parfois le troupeau du village quand c'?tait le tour de son p?re. Celles et ceux qui l'ont connue se souviendront d'elle comme ?tant sage, ob?issante et courageuse dans le travail, en passe de devenir une parfaite femme d'int?rieur.
Quand elle ne travaillait pas, il lui arrivait d'aller dans le "Bois-Chesnu", tout proche de sa maison, avec d'autres filles pour s'y promener, jouer et danser... Jean d'Estivet, le promoteur de son proc?s, d?formera les propos de Jeanne en la faisant chanter "chansons, invocations, sortil?ges et autres mal?fices" et en la montrant dansant autour de "l'arbre des f?es", qui se trouvait ? l'or?e du Bois-Chesnu... D'Estivet cherchait ? trouver des preuves de sorcellerie dans les actions les plus anodines de la vie de Jeanne.
Elle ?tait bonne chr?tienne, se rendait fr?quemment ? l'?glise, se confessait souvent. Jean Waterin, laboureur ? Greux: "elle fr?quentait les ?glises et les lieux saints; parfois aussi quand elle ?tait dans les champs, et entendait la cloche sonner, elle se mettait ? genoux ". Dans l'?xaltation de sa foi profonde, Jeanne dira entendre des voix, et ceci commenca vers ses treize ans; durant son proc?s, le 22 janvier 1431, Jeanne dira avoir entendu "alors qu'elle ?tait ?g?e de 13 ans, une voix venant de Dieu pour l'aider ? se gouverner. Et la premi?re fois elle eut grand peur. Cette voix vint quasi ? l'heure de midi, en ?t?, dans le jardin de son p?re [...]. Elle entendit la voix sur le c?t? droit, vers l'?glise, et rarement elle l'entend sans qu'il y ait une clart? [...]. Elle a dit aussi qu'il lui paraissait que c'?tait une digne voix et elle croit que cette voix ?tait envoy?e par Dieu, et apr?s qu'elle eut entendu trois fois cette voix, elle connut que c'?tait la voix d'un ange [...]. Ensuite elle confessa que cette voix lui disait deux ou trois par semaine qu'il fallait qu'elle-m?me part?t et v?nt en France [...] et elle ne pouvait plus durer o? elle ?tait ".

III.

Continuons: "Elle a dit ensuite que la voix lui avait dit qu'elle-m?me, Jeanne, all?t dans la ville forte de Vaucouleurs, trouver Robert de Baudricourt, capitaine de ce lieu, qu'il lui donnerait des gens qui iraient avec elle".
Plus tard, les voix lui commanderont d'aller d?livrer Orl?ans, qui ?tait assi?g?e par les anglais. Durant trois ans, ces voix ont forg? en Jeanne une volont? d'accomplir une mission: redonner sa l?gitimit? au dauphin Charles, en le faisant sacrer ? Reims et en "boutant" les anglais de l'Orl?anais. Mais elle avait peu conscience de la guerre franco-anglaise, ceux de Domr?my ayant surtout ? se plaindre des Bourguignons, alli?s des anglais.
Rappel rapide des faits: le 23 novembre 1407, Louis d'Orl?ans, fr?re du roi de France Charles VI, est assassin? par les hommes de main de Jean, duc de Bourgogne. Cela d?clenche une "guerre civile", opposant les Armagnacs, partisans du nouveau duc d'Orl?ans, Charles, aux Bourguignons. Cette horrible vendetta, de d?fis en r?conciliations de fa?ade, aboutira ? l'assassinat du duc de Bourgogne le 10 septembre 1419 sur le pont de Montereau, ce qui entrainera son fils philippe dans l'alliance militaire avec les anglais. Ceux-ci avaient repris la guerre en 1415 avec Henri V, leur nouveau roi. Ils remport?rent sur les fran?ais la bataille d'Azincourt, puis se rendirent ma?tre de la Normandie. En 1420, les anglo-bourguignons conclurent le trait? de Troyes, au nom de Charles VI (qui ?tait "emp?ch?"), qui d?sh?ritait le dauphin Charles au profit d'Henri V et de ses descendants (Charles VI et Henri V moururent en 1422).
Le dauphin tenta n?anmoins de reprendre sa couronne par les armes: si les siens remport?rent un succ?s au Vieil-Baug? (22 mars 1421), il fut battu ? Cravant (31 juillet 1423) et ? Verneuil (17 ao?t 1424). Apr?s la conqu?te du Perche et du Maine, les anglo-bourguignons march?rent vers les Pays de Loire, o? s'?tait r?fugi? le dauphin. Le 12 octobre 1428, les goddons mirent le si?ge devant Orl?ans.
Vaucouleurs, o? Jeanne va bient?t se rendre, est la derni?re place forte au nord de la Loire qui n'est pas aux mains des anglais et de leurs alli?s.

IV.

Jeanne fit trois voyages ? Vaucouleurs, accompagn?e ? chaque fois par Durand Laxart, le mari de sa cousine. Il lui fallut attendre le troisi?me pour que Robert de Baudricourt se laisse fl?chir; en effet, il avait parl? de Jeanne au duc de Bar, et celui-ci au duc de Lorraine, qui d?livra ? Jeanne un sauf-conduit, afin qu'elle puisse venir le voir. Charles de Lorraine lui donna un cheval et de l'argent.
Le 13 f?vrier 1429, Jeanne partit de Vaucouleurs pour Chinon, o? r?sidait le dauphin ? ce moment l?. Elle avait pour escorte Bertrand de Poulengy et Jean de Metz (rencontr?s ? Vaucouleurs et qui avaient tout de suite cru en elle), Colet de Vienne, Richard l'Archier, Jean Dieulewaard, Jean de Honnecourt ("servants" de Poulengy et Metz) et son fr?re Jean d'Arc qui ?tait venu se joindre au groupe.
Le voyage dura onze jours. Ils pass?rent notamment par Saint-Urbain, Auxerre, Gien, Fierbois o? Jeanne envoya des lettres au dauphin "dans lesquelles il ?tait indiqu? qu'elle les envoyait pour savoir si elle entrerait dans la ville o? ?tait sondit roi et qu'elle avait bien parcouru cent cinquante lieues pour venir vers lui, ? son aide et qu'elle savait beaucoup de bonnes choses pour lui [...]".
"On d?lib?ra en conseil si le roi entendrait Jeanne ou non [...]. Enfin, et non sans difficult?, il fut d?cid? que le roi l'entendrait [...]".
Jeanne et ses compagnons arriv?rent ? Chinon le 23 f?vrier 1429: elle ?tait tr?s attendue par le dauphin et sa cour, qui ?taient intrigu?s par cette pucelle qui se disait envoy?e "de par Dieu", et dont les projets ?taient connus de tous.

V.

... Simon Charles, pr?sident de la chambre des comptes du roi, vint chercher Jeanne et la conduisit au ch?teau. Fr?re Jean Pasquerel: "Le sire comte de Vend?me conduisit Jeanne aupr?s du roi et la fit entrer dans la chambre royale. Lorsqu'il la vit, le roi demanda ? Jeanne son nom; elle r?pondit: - Gentil dauphin, j'ai nom Jehanne la pucelle; et le roy des cieux vous mande par moi que vous serez sacr? et couronn? dans la ville de Reims, et vous serez le lieutenant du Roi des Cieux, qui est le roi de la France. - Apr?s plusieurs questions pos?es par le roi, Jeanne dit ? nouveau: - moi je te dis, de la part de Messire, que tu es vrai h?ritier de France et fils de roi; il m'envoie pour te conduire ? Reims o? tu recevras la couronne et le sacre, si tu veux. - L'ayant entendue, le roi d?clara aux assistants que Jeanne lui avait dit certains secr?ts, que personne ne connaissait ou ne pouvait savoir, si ce n'est Dieu; aussi avait-il grande confiance en elle ".
Apr?s cette entrevue, on logea Jeanne au ch?teau de Coudray et on lui donna un ?cuyer, Louis de Coutes.
D?s lors, le dauphin choisit de faire confiance ? la Pucelle; mais il ne pouvait pas lui confier une arm?e sans s'assurer que les intentions de Jeanne ?taient "pures". On emmena donc la jeune femme ? Poitiers, o? elle dut subir des examens qui devaient mettre en lumi?re si oui ou non, elle ?tait inspir?e par le Malin.
Les th?ologiens et les la?cs qui composaient le "jury" examin?rent Jeanne du 07 au 21 mars :"Ma?tre Jean Lombart lui demanda pourquoi elle ?tait venue [...], elle r?pondit de telle mani?re que, gardant des animaux, une voix lui ?tait parvenue, et lui dit que Dieu avait grand piti? du peuple de France et qu'il fallait qu'elle vint en France [...]".
"Ma?tre Guillaume Aymeri l'interrogea: - tu as d?clar? que la voix t'a dit la volont? de Dieu, de d?livrer le peuple de la France du malheur o? il se trouve. S'Il veut le d?livrer, il n'est pas besoin d'avoir des hommes d'armes. - Jeanne r?pondit alors: - en nom D?, les gens d'armes batailleront et Dieu donnera la victoire - [...]".
Le m?me Aymeri lui demanda de montrer au jury "un signe" qui permettrait de croire ? ses dires:"En nom Dieu, je ne suis pas venue ? Poitiers pour faire des signes; menez-moi ? Orl?ans, je vous montrerai les signes prouvant par quoi je suis envoy?e". Elle fit alors quatre pr?dictions: le si?ge d'Orl?ans sera lev?, le dauphin sera sacr?, Paris rentrera en l'ob?issance du roi, et le duc d'Orl?ans sera lib?r? (il ?tait prisonnier depuis Azincourt). Enfin, elle fut examin?e par Yolande d'Aragon, belle-m?re du dauphin, et d'autres dames, qui constat?rent sa virginit?.
Ses "examens" finirent par persuader tout le monde, y compris les h?sitants et les incr?dules. On d?cida de lui attribuer des gens d'armes et de l'envoyer ? Orl?ans, avec de bons capitaines.

VI.

Le 22 mars, Jeanne dicta une lettre destin?e aux anglais:
+ JESUS MARIE +
" Roi d'Angleterre et vous, duc de Bedford, qui vous dites r?gent du royaume de France; vous, Guillaume Pole, comte de Suffolk, Jean, sire de Talbot, et vous Thomas, sire de Scales, qui vous dites lieutenants dudit duc de Bedford, faites raison au Roi du ciel; rendez ? la pucelle qui est ici envoy?e de par Dieu, le Roi du ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez prises et viol?es en France. Elle est ici venue de par Dieu pour r?clamer le sang royal. Elle est toute pr?te ? faire la paix, si vous voulez lui faire raison en abandonnant la France et payant pour ce que vous l'avez tenue. Et vous tous archers, compagnons de guerre, gentilshommes et autres qui ?tes devant la ville d'Orl?ans, allez-vous en en votre pays, de par Dieu; et si vous ne le faites ainsi, attendez des nouvelles de la Pucelle qui ira vous voir sous peu, ? vos bien grands dommages. Roi d'Angleterre, si vous ne le faites ainsi, je suis chef de guerre et en quelque lieu que j'attendrai vos gens en France, je les en ferai aller, qu'ils le veuillent ou non. Et, s'ils ne veulent ob?ir, je les ferai tous occire; je suis ici envoy?e de par Dieu, le Roi du ciel, corps pour corps, pour vous chasser hors de toute la France. Et s'ils veulent ob?ir, je les prendrai en mis?ricorde. Et n'ayez point une autre opinion, car vous ne tiendrez point le royaume de France de Dieu, le Roi du ciel, fils de sainte Marie, mais le tiendra le roi Charles, vrai h?ritier; car Dieu, le roi du ciel, le veut, et cela est r?v?l? par la Pucelle au roi Charles, lequel entrera ? Paris en bonne compagnie. Si vous ne voulez croire ces nouvelles de par Dieu et la Pucelle, en quelque lieu que nous vous trouverons, nous frapperons dedans et y ferons un si grand hahay qu'il y a bien mille ans qu'en France il n'y en eut un si grand, si vous ne nous faites raison. Et croyez fermement que le Roi du ciel plus de force ? la Pucelle que vous ne sauriez lui mener tous vos assauts, ? elle et ? ses bonnes gens d'armes; et aux horizons on verra qui aura meilleur droit de Dieu du ciel. Vous, duc de Bedford, la Pucelle vous prie et vous requiert que vous ne vous fassiez pas d?truire. Si vous lui faites raison, vous pourrez encore venir en sa compagnie, l? o? les fran?ais feront le plus beau fait qui jamais fut fait pour la chr?tient?. Et faites r?ponse si vous voulez faire la paix en la cit? d'Orl?ans; et si vous ne le faites ainsi, de vos bien grands dommages qu'il vous souvienne sous peu. Ecrit ce mardi, semaine sainte."

VII.

Apr?s avoir fait envoyer la "lettre aux Anglais", Jeanne alla ? Tours o? elle re?ut son "habillement de guerre". De Tours, elle fut conduite ? Blois, o? elle arriva le 21 avril (accompagn?e de Jean d'Aulon, son intendant, de fr?re Pasquerel, son chapelain, de Louis de Coutes et Raymond, ses pages). Le 27, Jeanne quitta Blois, avec des vivres et des munitions, accompagn?e, entre autre, de Gilles de Rais, d'Ambroise de Lor?, de Jean de Brosse, seigneur de Boussac, de Louis de Culan, amiral de France et d'Etienne de Vignolles, dit "La Hire". Le 29, le convoi ?tait en vue d'Orl?ans...
Cela faisait 200 jours que la ville ?tait assi?g?e par les anglo-bourguignons. Le comte de Salisbury (mort le 27 octobre 1428), puis le comte de Suffolk, avec Talbot, Scales et Glasdale, command?rent les arm?es assi?geantes. En d?cembre 1428, les anglais commenc?rent ? construire une dizaine de bastilles, destin?es ? ceinturer Orl?ans; mais aucune ne menacera la Porte de Bourgogne, ce qui permettra aux assi?g?s d'?tre ravitaill?s convenablement.
C?t? fran?ais, Jean, le B?tard d'Orl?ans commandait la garnison de la ville; Raoul de Gaucourt en ?tait le gouverneur. De nombreux capitaines vinrent par la suite assister le B?tard, notamment: Archambaud de Villars (h?ros du combat des sept de Montendre en 1402), Jean et Poton de Xaintrailles, Jean sire de Bueil, Jacques de Chabannes, Pierre d'Amboise, le mar?chal de La Fayette (vainqueur de la bataille de Baug? en 1421), Florent d'Illiers, les fr?res ?cossais John et William Stewart (Stuart), Bertrand de La Tour, le comte de Clermont...
Durant le si?ge, anglais et fran?ais "escarmouch?rent" et se d?fi?rent, sans aucuns avantages d?cisifs pour l'un et l'autre parti, sauf le 12 f?vrier 1429, les fran?ais du B?tard et de Clermont ?chou?rent dans leur tentative de prendre un convoi de 300 chariots de vivres destin? aus assi?geants, command? par Falstaff, capitaine redout? et Simon Morhier, pr?v?t de Paris. Cette d?confiture, qu'on appellera " la journ?e des Harans", ?tait due au comte de Clermont qui n'avait attaqu?, laissant seul le B?tard avec 400 combattants qui furent presque tous extermin?s (dont les fr?res Stewart).
Donc, le 29 avril:"[...] vinrent ? Orl?ans les nouvelles certaines selon lesquelles le roy envoyait par la Sologne vivres, poudres, canons et autres habillemens de guerre sous la conduite da la Pucelle, laquelle venait de par Nostre Seigneur pour ravitailler et r?conforter la ville et faire lever le si?ge [...] ".
A la faveur d'une diversion, on put entrer dans Orl?ans sans coup f?rir. Jeanne, sa suite et ses fr?res furent log?s en l'h?tel de Jacques Boucher, tr?sorier du duc d'Orl?ans.
Le 01 mai, le B?tard partit ? Blois afin de ramener des renforts; il en revint le 04. Le m?me jour, les fran?ais prirent la bastille "Sainct Loup", situ?e ? l'est d'Orl?ans, apr?s une lutte de trois heures.
Les 06 et 07, ils prirent la forteresse des Augustins et le fortin des Tournelles, au sud de la ville. Durant les assauts, Jeanne fut bless?e entre l'?paule et la gorge, ce qui entraina le repli des fran?ais, qui ?taient "moult dolens et courrouchez"; mais la Pucelle les exhorta "car sans nulle faulte les angloys n'auront plus de force de eulx deffendre, et seront prinses leurs Tournelles et leurs boulevars". Aussit?t dit, aussit?t fait, les fran?ais prirent le dessus, d'autant plus que les anglais commirent l'erreur de tenter une sortie et d'annuler ainsi leur position d?fensive avantageuse.
Le 08, les anglais pli?rent bagages; le B?tard racontera:"[...] de bon matin, les anglais sortirent de leurs tentes et se rang?rent en bataille pour le combat. A cette vue, la Pucelle se leva de son lit et mit seulement un habit appel? en fran?ais jasseran; elle d?cida cependant que personne n'attaquerait les anglais, ni leur r?clamerait rien, mais qu'on les laisserait partir. Et ils partirent en fait, sans que personne alors les poursuiv?t. D?s ce moment la ville fut d?livr?e de ses ennemis".
Les anglais s'en all?rent ? Meung-sur-Loire.

VIII.

Avant de continuer, il n'est pas inutile de rappeler que Jeanne a ?t? "utilis?e" par le dauphin et ses conseillers, qui ont vite vu l'avantage qu'ils pouvaient tirer de la jeune fille: elle avait redonner l'espoir et la confiance dans les coeurs fran?ais, et il aurait ?t? malheureux de ne point l'?couter et de la renvoyer ? Domr?my.
Jusque l?, Jeanne n'a jamais manqu? de courage, et en fait elle n'en manquera jamais. Les succ?s militaires, auxquels elle ne participera pas, m?me si elle ?tait pr?sente au sein des soldats et des capitaines, seront une preuve de sa "mission", et pour cela ses fid?les capitaines garderont d'elle un ?mouvant souvenir ...
Si elle est une h?ro?ne, il ne faut surtout pas l'associer ? un autre h?ros de la guerre de cent ans, Bertrand Guesclin: m?me s'il fut le bras du redressement fran?ais, soixante ans plus t?t (Charles V en ?tant le cerveau), il avait des m?thodes de routiers et l'app?t du gain ?tait son principal moteur ...
Il faudra attendre un peu avant que le dauphin, qui ?tait "endormi" ? cette ?poque, ne devienne Charles le Victorieux ou plut?t le Bien-Servi ... enfin, le bien-servi, voire ! A ce moment de l'histoire, le favori de Charles ?tait Georges de La Tremoille, qui avait tendance ? confondre les deniers de l'Etat et les siens; ce La Tremoille avait "succ?d?" ? Pierre, sire de Giac, qui, parce que lui aussi, se servait all?grement dans le Tr?sor Royal (et aussi parce qu'il se serait "d?barass?" de sa femme), fut cousu dans un sac et jet? en une rivi?re.
Charmante compagnie ... Et quelle fin !

IX.

Peu apr?s, le r?gent Bedford ?crivit une lettre ? Henri VI, roi d'Angleterre: "Tout vous a r?ussi jusqu'au temps du si?ge d'Orl?ans, entrepris Dieu sait par quel conseil. Auquel temps, apr?s le malheur advenu ? mon cousin de Salisbury, la main de Dieu, comme il semble, a frapp? un rude coup sur vos gens assembl?s l? en grand nombre: la principale cause a ?t?, comme je crois, la funeste opinion et vaine crainte qu'ils avaient d'un limier de l'Enfer, appel? la Pucelle, qui a us? de faux enchantements et sorcelleries. Lesquels coups et d?confiture ont non seulement fort diminu? le nombre de vos gens, mais abattu en merveilleuse fa?on le courage de ceux qui restent".

On avait d?livr? Orl?ans, et il convenait dor?navant d'aller ? Reims pour faire sacrer le dauphin.
Jeanne et ses capitaines quitt?rent Orl?ans le 09 mai pour Blois; ils y rest?rent jusqu'au 12. Le 13, Jeanne ?tait ? Tours o? elle rencontra le dauphin. Le 23, elle ?tait ? Loches, o?, le 04 juin, on d?cida de lib?rer les villes de la vall?e de la Loire occup?es par les Goddons. Le 06, Jeanne ?tait ? Selles-sur-Cher et le 07 ? Romorantin, o? les troupes fran?aises se rassemblaient (un cousin de Gilles de Rais, Guy sire de Laval, se joignit aux autres capitaines). Le gros de l'arm?e fut r?uni dans les environs d'Orl?ans: le chef ?tait Jean duc d'Alen?on (dont le p?re avait p?ri ? Azincourt), et ses seconds furent le B?tard et La Hire:"et ils firent tant qu'ils r?unirent jusqu'? six cent lances des gens du roi, avec l'intention d'aller ? Jargeau, ville qu'occupaient les anglais [...]".
Jargeau fut assaillie le 12 juin:" [...] Jeanne prit son ?tendard et partit ? l'attaque en exhortant les hommes d'armes ? avoir bon courage; et ils firent tant que cette nuit-l?, l'arm?e du roy s'installa dans les faubourgs de Jargeau [...]". Le comte de Suffolk, qui commandait aux anglais, fut fait prisonnier.
Le 15 et 16, ce fut le tour de Meung (qui se rendit gr?ce aux bombardes d'Orl?ans) et de Beaugency:"[...] le lendemain, ils all?rent vers Beaugency, o? ils rencontr?rent dans les pr?s d'autres troupes royales, et men?rent une attaque contre les anglais se trouvant dans la ville. Apr?s cette attaque, les anglais abandonn?rent la ville et se r?fugi?rent dans le ch?teau [...]".
Cependant, une forte arm?e anglaise approchait, sous les ordres de Falstaff et de Talbot. Le dauphin envoya des renforts vers Beaugency, command?s par le conn?table Arthur de Richemont. Celui-ci ?tait plut?t ind?sirable, mais ? l'approche du danger, Jeanne d?clara ? Richemont:"Ah! beau conn?table, vous n'?tes pas venu de par moi, mais puisque vous ?tes venu, soyez le bien venu".
18 juin. La bataille ?tait in?vitable:"[...] mais quand vint le jour o? ils rencontr?rent les Armagnacs, ils n'?taient plus que six mille et les Armagnacs ?taient dix mille. Ainsi coururent-ils sus aux anglais moult ?prement, et les anglais ne refus?rent pas le combat [...]. Les anglais furent donc battus et il fut bien retrouv?, ? ce qu'on dit, 4000 morts anglais ou davantage [...]". Le Bourgeois de Paris, anglophile et auteur de ces lignes, ?xag?re largement les chiffres (quoi qu'il en soit, les anglais ?taient les plus nombreux). A l'avant-garde fran?aise, il y avait le B?tard, Xaintrailles et Boussac; au corps principal, La Hire; et ? l'arri?re-garde Jeanne, Graville, Gilles de Rais et Guy de Laval. Le choc eut lieu pr?s du bourg de Lignarolles, entre Patay et Orl?ans. D?s que l'avant-garde de Talbot fut enfonc?e, Falstaff, qui ?tait contre la bataille, prit la fuite, et cela sema la panique dans les rangs anglais. Les fran?ais poursuivirent les fuyards et captur?rent Talbot.
Ces ?ternels perdants obtinrent ici un beau succ?s, qui rachetait quelque peu les Azincourt, Verneuil et autre Cravant.

X.

Le 20 juin, Jeanne se rendit ? Saint-Beno?t-sur-Loire o? elle rendit compte de la victoire de Patay. Le 22, ? Ch?teauneuf-sur-Loire, un conseil fut tenu: on d?cida d'aller sans tarder ? Reims, et avant, de rassembler toute ? Gien; on fixa la date du d?part au 27 juin.
Le 25, Jeanne ?crivit aux habitants de Tournai:"JESUS MARIE - Gentils loyaux fran?ais de la ville de Tournay, la Pucelle vous fait savoir des nouvelles que en VIII jours elle a chass? les anglais de toutes places qu'ils tenaient sur la rivi?re de Loire par assaut et autrement et que beaucoup sont morts ou ont ?t? captur?s, et les a battu dans une bataille, et elle croit que le comte de Suffolk, La Pole son fr?re, le sire de Talbot, le sire de Scales et messire Jehan Falstaff et plusieurs chevaliers et capitaines ont ?t? pris, et que le fr?re du comte de Suffolk est mort. Maintenez-vous bien, loyaux fran?ais, je vous en prie. Et vous prie et requiers que vous soyez tous pr?ts de venir au sacre du gentil roi ? Rains o? nous serons dans peu de temps; et venez au-devant de nous quand vous saurez que nous approchons. A Dieu je vous recommande. Dieu soit bonne garde de vous et vous donne gr?ce que vous puissiez maintenir la bonne querelle du royaume de France. Ecrit ? Gien le 25? jour de juin".
Le 27, l'avant-garde se mit en marche et le 29, ce fut le tour du gros de l'arm?e. Le 03 juillet, toute l'arm?e cerna Auxerre, qui ?tait du parti anglo-bourguignon. On n?gocia et les Auxerrois firent la promesse d'?tre ob?issants, ce qui ?pargna la cit?. Les 03 et 04 juillet, Brimont-l'Archev?que, Saint-Florentin et Saint-Phal se donn?rent aux fran?ais. De Saint-Phal, Jeanne ?crivit aux habitants de Troyes:"JHESUS MARIA - Tr?s chers et bons amis, s'il ne tient ? vous, seigneurs, bourgeois et habitants de la ville de Troyes, Jehanne la Pucelle vous mande et fait savoir de par le roy du ciel son droicturier et souverain seigneur, duquel elle est chacun jour en son service royal, que vous fassiez vraie ob?issance et reconnaissance du gentil roy de France, qui sera bient?t ? Reims et ? Paris, qui que ce soit qui vienne contre lui, et en ses bonnes villes du saint royaume ? l'aide du roy J?sus. Loyaux fran?ais, venez au-devant du roy Charles et qu'il n'y ait point de faute et ne vous doutez de vos corps ni de vos biens, si ainsi vous faites [...]. A Dieu je vous recommande, que Dieu vous garde, s'il lui plait. R?ponse brief. Devant la cit? de Troyes; ?crit ? Saint-Phal, le mardi quatri?me de juillet ".
Le 05, on arriva devant Troyes. On n?gocia vainement. Le dauphin r?unit son conseil:"La Pucelle vint, entre au conseil, et dit ces paroles ou d'autres semblables: - Noble dauphin, ordonnez ? vos troupes d'assi?ger la ville de Troyes, sans poursuivre de plus longues d?lib?rations, car, en nom Dieu, avant trois jours je vous ferai entrer en cette cit?, par amour ou par puissance et force; et la Bourgogne, pleine de fausset?, sera tr?s stup?faite. -Alors la Pucelle avan?a aussit?t avec l'arm?e royale, fixa les te,tes au long des foss?s, et prit telles admirables pr?cautions que n'auraient pas prises deux ou trois chefs de guerre plus exerc?s et plus fameux; elle travailla toute cette nuit-l? que le lendemain l'?v?que et les citoyens de la cit?, effray?s et tremblants, se plac?rent dans l'ob?issance royale [...] ". Le dauphin fit son ent?e solenelle le 10 juillet. Le 12, on quitta Troyes pour aller ? Ch?lons; des ?missaires, rencont?s ? Bussy-Lettr?e, lui remirent les cl?s de la ville, en laquelle Charles entra le 14. Le 15, l'arm?e du sacre arriva ? Sept-Saulx. Le 16, le dauphin re?ut une d?l?gation de R?mois, qui lui remit les cl?s de la ville. Dans la soir?e, Charles fit son ent?e dans Reims o? il fut sacrer le lendemain par l'archev?que Regnault de Chartres.
"Gentil roy, or est ?x?cut? le plaisir de Dieu, qui voulait que je le vasse le si?ge d'Orl?ans et que je vous amenasse en cette cit? de Reims recevoir votre saint sacre, en montrant que vous ?tes vrai roy, et celui auquel le royaume doit appartenir".
Dans la m?me journ?e, Jeanne retrouva son p?re, son fr?re Pierre et Durant Laxart, qui ?taient venus assister au sacre; elle ?crivit aussi au duc de Bourgogne: elle le priait de faire "bonne paix, ferme, qui dure longuement" avec le roi. Philippe de Bourgogne fit la sourde oreille.

XI.

Apr?s le sacre, Jeanne ?tait bien d?cid?e de profiter de son avantage en reprenant Paris. Mais le roi prit son temps ...
Le 21 juillet, le roi se rendit ? Corbeny o? il toucha les ?crouelles, selon la tradition Cap?tienne. Le 23, les fran?ais ?taient ? Soissons; du 27 au 31 ? Ch?teau-Thierry. Le 01 ao?t, l'arm?e ?tait ? Montmirail; du 02 au 05 ? Provins (o? Jeanne ?crivit aux R?mois qu'elle ne les abandonnerai jamais). Le 07, on ?tait ? Coulommiers; Bedford lan?a un d?fi ? Charles en lui proposant bataille: bien-entendu, refus du roi. On se rendit ensuite ? La fert?-Milon (le 10), puis ? Cr?py-en-Valois (le 11), ? Lagny (le 12). Ce m?me jour, Bedford nomma le duc de Bourgogne gouverneur militaire de Paris; celui-ci envoya ? sa place Louis de Luxembourg. Le 13, fran?ais et anglais se retrouv?rent face ? face ? Montepilloy; mais le combat ne fut pas engag?.
Du 17 au 28 ao?t, Charles VII tint sa cour ? Compi?gne; le 21, lui et Bourgogne sign?rent une tr?ve de quatre mois, qui n'incluait pas Paris).
Durant le mois d'ao?t, Xaintrailles et La Hire, sur qui l'inactivit? pesait, firent une exp?dition en Normandie, o? ils prirent notamment Aumale, Torcy et Ch?teau-Gaillard (o? fut d?livr? le fameux Barbazan qui croupissait l? depuis neuf ann?es).
Le 23, Jeanne et d'Alen?on quitt?rent Compi?gne, et se dirig?rent vers Saint-Denis, que les arm?es fran?aises investirent le 25. Le 07 septembre, le roi les rejoignit avec son arm?e. Le 08, une partie de cette arm?e ?choua dans son attaque contre les portes Saint-Honor? et Saint-Denis, ? cause notamment des bombardes parisiennes (qui firent grands dommages); Jeanne fut bless?e et son porte-?tendard fut tu?.
"M?me si les Armagnacs avaient ?t? quatre fois plus nombreux et m?me mieux arm?s qu'ils ?taient, ils n'auraient pas pris ladite ville de Paris par assaut ou en faisant le si?ge tant qu'il y aurait eu des vivres dans la ville, qui en ?tait d'ailleurs bien pourvue pour tr?s longtemps; les habitants s'?taient unis avec les gens d'armes pour r?sister ? l'assaut et ? l'entreprise susdite".
On peut se demander si le roi et ses conseillers souhait?rent l'?chec de cette entreprise: les velleit?s guerri?res de Jeanne g?naient la diplomatie du roi, qui cherchait ? gagner du temps et ? faire sa paix avec Bourgogne.
Bref, tout ceci entraina la d?mobilisation de l'arm?e ? Gien, le 21 septembre.
Cette automne 1429 fut pour Jeanne bien triste. Il semblait que le roi ne lui faisait plus confiance. Aussi fut-elle envoyer ? Bourges, o? elle fut confi?e au lieutenant g?n?ral du Berry, Charles d'Albret.
En octobre, on chargea Albret, Boussac, le comte de Montpensier et Jeanne, d'?liminer Perrin Grassart, un routier qui tenait La Charit?-sur-Loire, et qui ravageait la r?gion. D'abord, on assi?gea Saint-Pierre-le-Mo?tier, qui tomba le 04 novembre. Le 09, Jeanne ?crivit aux habitants de Riom:"Saint-Pierre-le-Mo?tier a ?t? prise d'assault, et, avec l'aide de Dieu, j'ai l'intention de faire vider les autres places qui sont oppos?es au roi; mais, comme il a ?t? fait grande d?pense de poudres, traits et habillements de guerre devant ladite ville, nous en sommes d?pourvus pour aller mettre le si?ge devant La Charit?, o? nous allons prestement. Je vous prie de vouloir envoyer et aider pour ledit si?ge poudres, salp?tre, soufre, traits, arbal?tes fortes et autres habillements de guerre [...]".
Ces munitions arriv?rent trop tard ou n'arriv?rent pas. Le 24 novembre, les fran?ais mirent le si?ge devant La Charit?. La place r?sista jusqu'au 25 d?cembre, date ? laquelle Albret, Jeanne et les autres d?cid?rent de lever le si?ge, faute de minitions, de vivres et .... d'assistance.

XII.

Les tr?ves avec la Bourgogne devaient se terminer ? la No?ll 1429. Elles furent prorog?es jusqu'au 16 avril 1430.
Le 13 f?vrier, le duc de Bedford octroya la Champagne et la Brie au duc de Bourgogne, ? charge pour celui-ci de s'en emparer.
Pendant ce temps, Jeanne "s'ennuyait" ? Bourges, puis ? Sully-sur-Loire, o? elle ?crivit par deux fois aux R?mois, pour les assurer de son soutien imm?diat si Philippe de Bourgogne les attaquait.
D?but avril, Jeanne, avec Jean d'Aulon et son fr?re Pierre, quitta Sully avec une troupe de 3 ? 400 routiers Pi?montais (command?s par Barth?l?my Baretta), sold?s par l'argent royal. Ils partirent en direction de l'Ile-de-France, o? ils "escarmouch?rent" contre les de routiers de Franquet d'Arras. Celui-ci fut pris (et ?x?cut? apr?s proc?s), et ses hommes tu?s pour la plupart.
Le 22, Jeanne ?tait ? Melun, qui venait de se lib?rer des anglais; l?, ses voix lui dirent qu'elle sera prise avant la Saint-Jean, c'est-?-dire le 24 juin. Le 23 avril, 2 ? 3000 anglais d?barqu?rent ? Calais, dans le but d'aider les bourguignons ? reconqu?rir les villes et forteresses qu'ils avaient perdu.
Le 25, Jeanne apprit que les tr?ves avec les bourguignons ?taient termin?es, alors elle demanda des renforts au roi (qui ne vinrent jamais).
Le 06 mai, les bourguignons s'empar?rent de Gournay, non loin de Compi?gne, et le 07, ils mirent le si?ge devant Choisy-au-Bac. Le 13, Jeanne entra dans Compi?gne, et le 15, avec ses routiers, elle attaqua par surprise les assi?geants de Choisy. Les fran?ais y obtinrent un tr?s honorable succ?s, mais ils furent tout de m?me oblig?s de se replier vers Compi?gne. Le 17, Jeanne retourna ? Cr?py, o? elle resta jusqu'au 21.
Le 20, les anglo-bourguignons vinrent mettre le si?ge devant Compi?gne, avec 3 ? 4000 hommes. Cette cit? ?tait d?fendue par le gouverneur militaire Guillaume de Flavy, qui ?tait "moult hardi et vaillant homme de guerre, mais des pires en vilenies, en femmes et luxure, dans l'art de voler, piller, faire noyer, faire pendre et faire mourir les gens". En tout cas, Compi?gne r?sistera et ne sera pas prise ...
Le 23 mai, au petit matin, jeanne et ses troupes p?n?tr?rent dans Compi?gne; en fin d'apr?s-midi, vers 17 heures, Jeanne et 600 gens d'armes firent une sortie, en direction du nord (Xaintrailles et Flavy rest?rent dans la place).
Rapidement, un combat bref et ?pre s'engagea; les fran?ais y furent tr?s vaillants, mais ils furent oblig?s de retraiter (?tant trop peu nombreux) et furent poursuivis par leurs ennemis jusqu'? Compi?gne. "Lorsque que le gouverneur vit les anglais et les bourguignons pr?s d'entrer sur le pont, par la crainte qu'il avait de la perte de sa place, il fit lever le pont et fermer la porte". Ne pouvant entrer dans la ville, Jeanne essaya de fuir par les champs; et c'est l? qu'elle fut, avec son fr?re et d'Aulon, faite prisonni?re, et le b?tard de Wandomme, qui ?tait au comte de Ligny, l'emmena de force ...
Le 25, Philippe de Bourgogne ?crivit au duc de Savoie:"[...] nous sommes grandement r?confort?s de la guerre; car, le 23 mai, vers six heures, les assi?g?s ayant fait une sortie, celle qu'ils appellent la Pucelle et plusieurs autres capitaines, chevaliers, ?cuyers et autres ont ?t? pris, noy?s et tu?s [...] ".

XIII.

"[...] Anglais et bourguignons sautaient de joie; le nombre des ennemis tu?s ou noy?s ?tait pour peu de chose dans leur joie. Leur triomphe n'?tait point l?: c'est la France qu'ils avaient vaincue".
Ces quelques mots du chroniqueur Chastellain r?sument assez bien la situation. La capture de la Pucelle ?tait d'une valeur inestimable pour les anglo-bourguignons. On peut comprendre, vu l'effet b?n?fique que Jeanne apportait ? l'arm?e et au peuple fran?ais.

Le b?tard de Wandomme emmena ensuite Jeanne ? Margny; elle y fut vendue ? Jean de Luxembourg, comte de Ligny, vassal de Philippe de Bourgogne.
Le 26 mai, la Sainte Inquisition, en accord avec l'Universit? de Paris, r?clama au duc la prisonni?re pour la faire compara?tre:"[...] Nous vous supplions de bonne affection, tr?s puissant prince, et nous prions vos nobles vassaux que par vous ou par eux, ladite Jeanne nous soit envoy?e par-de?? s?rement et dans peu de temps, et nous esp?rons que vous agirez ainsi comme de vrais protecteurs de la foi [...]". Mais le duc ne paraissait pas press? de livrer la jeune fille ? l'Inquisition, car il re?ut plusieurs lettres de rappel, en provenance de l'Universit? de Paris ...
Du 26 mai au 10 juillet, Jeanne fut enferm?e ? Beaulieu; du 10 juillet ? d?but novembre ? Beaurevoir, o? elle fut "chaperonn?e" par Jeanne de Bethune et Jeanne, comtesse de Ligny, respectivement femme et tante de Jean de Luxembourg. C'est ? Beaurevoir que Jeanne tenta de s'?vader en sautant du haut de la tour o? elle ?tait enferm?e; elle ?choua ...
Le 14 juillet, l'?v?que Cauchon ?crivit ? Bourgogne et Luxembourg "que cette femme, que l'on nomme commun?ment Jeanne la Pucelle, soit envoy?e au roi [d'Angleterre] pour ?tre livr?e ? l'Eglise, pour lui faire son proc?s, parce qu'elle est soup?onn?e et diffam?e d'avoir commis plusieurs crimes, tels que sortil?ges, idol?tries, invocations de d?mons et plusieurs autres cas touchant notre foi [...]. [...] pour d?dommager ceux qui l'ont prise et retenue, le roi veut lib?ralement leur bailler jusqu'? la somme de 6000 francs [...]. Item, ledit ?v?que requiert en son nom, puisque cette femme a ?t? prise dans son dioc?se et sous sa juridiction spirituelle qu'elle lui soit rendue pour lui faire son proc?s, comme il appartient [...]". Il n'obtint pas de r?ponses. Le 21 novembre, l'Universit? lui fit comprendre qu'il fallait qu'il fasse diligence:"[...] Veuillez t?cher de la faire promptement conduire dans cette ville de Paris o? le nombre de savants et des ?rudits est consid?rable, afin que sa cause puisse ?tre ?xamin?e plus diligemment et jug?e plus s?rement [...]".
Du d?but novembre jusqu'au 21, Jeanne fut prisonni?re ? Arras; du 21 novembre au 20 d?cembre, au Crotoy. Le 06 d?cembre, Jeanne fut livr?e aux anglais contre une ran?on de 10000 couronnes; elle fut encore r?clam?e par Cauchon.
Le 23 d?cembre, on l'emmena ? Rouen o? elle fut livr?e aux autorit?s eccl?siastiques et emprisonn?e au ch?teau de Bouvreuil:"[...] Jeanne ?tait dans une prison forte, avec des entraves de fer; elle avait cependant un lit. Elle avait aussi des gardiens anglais, dont elle se plaignit souvent en disant qu'ils la tracassaient beaucoup et la maltraitaient ".
Elle attendit l? son proc?s qui devait d?marrer le 09 janvier 1431 ...

XIV.

Le proc?s se d?roula du 09 janvier au 30 mai 1431 (en 55 s?ances), d?compos? en deux parties: le proc?s d'office (du 09 janvier au 25 mars, pour l'instruction (qui doit aboutir ? l'?tablissement d'un acte d'accusation), et le proc?s ordinaire, du 26 mars au 30 mai.
Les 126 juges ?taient pour la plupart fran?ais et issus du clerg?.
La Sainte Inquisition ?tait repr?sent?e par le dominicain Jean Le Maistre. Celui-ci ne dira mot pendant l'instruction, laissant le sale boulot et le mauvais r?le ? Cauchon. Boisguillaume et Guillaume Manchon r?digeront la minute latine de ce proc?s, gr?ce ? laquelle nous le connaissons bien.
Et rendons ? C?sar ce qui appartient ? C?sar: ce ne sont pas les anglais qui ont fait br?ler Jeanne, mais bien l'Eglise (qui n'en ?tait pas ? son premier coup d'?clat).
Du 09 janvier au 20 f?vrier, on convoqua les t?moins, on nomma toutes sortes d'officiers pour le bon d?roulement du proc?s, on forma les ?quipes qui devaient juger Jeanne ....
Du 20 fevrier au 25 mars: phase des interrogatoires
- 21 fevrier, premi?re audience publique: Jeanne fut introduite dans la chapelle du ch?teau de Rouen. Cauchon lui intima l'ordre:"Vous jurez de dire la v?rit? sur ce que l'on vous demandera concernant la mati?re de foi que vous saurez". Jeanne r?pondit:"[...] Pour les r?v?lations qui lui ont ?t? faites de par Dieu, elle ne les avait jamais dites ni r?v?l?es ? personne, si ce n'est au seul Charles qu'elle dit ?tre son roi, et qu'elle ne les r?v?lerait pas m?me si on devait lui couper la t?te[...]". Le reste de la s?ance fut utilis? pour un interrogatoire d'identit?, auquel Jeanne se plia de bonne gr?ce.
- 22 f?vrier, seconde audience publique: on l'interrogea notamment sur les premi?res manisfestations de ses voix. La Pucelle parla ensuite longuement de tout ce qui lui ?tait advenu de Vaucouleurs ? Paris.
- 24 f?vrier, troisi?me audience publique: Cauchon intima encore ? Jeanne de dire toute la v?rit?, sans restriction, et celle-ci de r?pondre:"Par ma foi, vous pourriez me demander telles choses que je ne vous dirai pas.[...] Il se peut que sur beaucoup de choses que vous pourriez me demander, je ne vous dise la v?rit?, sur ce qui touche les r?v?lations.[...] Je vous le dis: prenez garde ? ce que vous vous dites mon juge, parce que vous assumez une lourde charge et me chargez trop". On l'interrogea ensuite sur ses voix (comme on lui demandait si elle ?tait en ?tat de gr?ce, elle r?pondit:"Si je n'y suis pas, Dieu m'y mette, si j'y suis, Dieu m'y maintienne "), sur "l'arbre des dames" et le "bois chesnu" de sa jeunesse.
- 27 f?vrier, quatri?me audience publique: on l'interrogea encore sur ses voix, sur Sainte Catherine et Saint Michel, qui lui ?taient apparu...
- 01 & 03 mars, cinqui?me et sixi?me audience publique: encore des interrogatoires sur la vie de Jeanne: l'?chec ? La Charit?-sur-Loire, les paroles et apparitions de Sainte Marguerite et Saint Michel, le signe donn? au dauphin, sur le fait qu'elle portait un habit d'homme, son ?tendard, son "s?jour" ? Beaurevoir et sa tentative d'?vasion ...

Apr?s l'audience du 03 mars, Jeanne fut reconduite en sa prison.

XV.

Du 04 au 09 mars, les juges ?xamin?rent les r?ponses de Jeanne, au domicile de Mgr Cauchon. Pour "fignoler" le dossier, ils d?cid?rent que certains d'entre-eux iraient en la prison de Jeanne, et l'interrogeraient .
- 10 mars - Interrogatoire sur: sa capture ? Compi?gne; et sur le signe envoy? au dauphin ? Chinon :"Je ne vous dirai autre chose. Nul homme ne saurait d?crire aussi riche chose que ce signe. Toutefois le signe qu'il vous faut, c'est que Dieu me d?livre de vos mains; c'est le plus certain qu'il vous sache envoyer".
- 12 mars - Sur le signe envoy? au dauphin; sur ses voix; sur son d?part de chez ses parents (sans leurs permission); sur son habit d'homme: pensait-elle m?faire ? "Non. Encore ? pr?sent, si j'?tais en France avec cet habit, il me semble que ce serait un grand bien pour mon parti".
- 13 mars - Sur ses ?checs devant Paris et La Charit?; sur le signe envoy? au dauphin:"Ce fut que l'ange confirmait mon Roi en lui apprtant la couronne et en lui d?clarant qu'il aurait tout le royaume de France avec l'aide de Dieu, et cela par mon labeur [...]".
- 14 mars - Sur Sainte Catherine; sur l'attaque de Paris un jour de f?te religieuse; sur Franquet d'Arras, que Jeanne abandonna au bailli de Senlis; sur Beaurevoir: pourquoi avait-elle saut? de la tour du ch?teau ? Evasion ou suicide ? "Elle r?pondit qu'elle avait entendu dire que tous ceux de Compi?gne jusqu'? ceux qui atteignaient l'?ge de sept ans, devaient ?tre mis ? feu et ? sang, et qu'elle aimait mieux mourir que vivre apr?s une telle destruction de bonnes gens, et ce fut l'une des raisons de son saut. L'autre fut qu'elle avait ?t? vendue aux anglais et elle aurait mieux aim? mourir que d'?tre en la main des anglais, ses adversaires ". Croyait-elle se tuer en sautant ? "Elle r?pondit que non; mais en sautant elle se recommanda ? Dieu. Et elle croyait, par le moyen de ce saut, ?chapper ? ce qu'elle f?t livr?e aux anglais ".
- 15 mars - Sur les Saintes et les Anges qui lui sont apparu ...
- 17 mars - Sur les Saints et les Saintes; sur son ?tendard; si Dieu aimait les anglais :"De l'amour ou de la haine que Dieu a pour les anglais, ou de ce qu'il fera ? leurs ?mes, je ne sais rien. Mais je sais bien qu'ils seront bout?s hors de France, except? ceux qui y mourront".

Puis on la laissa ? nouveau. Le 24 mars, apr?s un examen minutieux du dossier, on fit la lecture des "questions/r?ponses" ? Jeanne. Elle fit tr?s peu d'observations ...

XVI.

Le 26 mars, Cauchon et ses "experts" d?cid?rent de proc?der contre Jeanne ? un proc?s ordinaire, qui ?tait une suite logique ? l'instruction pr?c?dente.
Le 27, le promoteur Jean d'Estivet proclama ? Jeanne une supplique annon?ant qu'elle aura ? r?pondre ? chaque article de l'acte d'accusation (il y en avait 70 en tout). On proposa ? la jeune femme d'?tre assist?e; elle refusa.
Le 28, d'Estivet entreprit de lire un pr?ambule o? Jeanne ?tait accus?e d'?tre:"...sorci?re ou lectrice de sorts, devineresse, fausse proph?tesse, invocatrice et conjuratrice de malins esprits, superstitieuse, impliqu?e et appliqu?e aux arts magiques, mal pensante [...], apostate ? la foi, maldisante, malfaisante, blasph?matrice envers Dieu et ses saints, scandaleuse, s?ditieuse, troublant et emp?chant la paix, excitant aux guerres, cruellement alt?r?e de sang humain, ayant abandonn? sans honte la d?cence et la r?serve de son sexe, prenant sans pudeur l'habit inf?me et l'?tat des hommes d'armes, pour cela et d'autres motifs encore abominables ? Dieu et aux hommes, pr?varicatrices des lois divines et naturelles et de la discipline eccl?siastique, s?ductrice des princes et des simples; en permettant et consentant, ? l'injure et au m?pris de Dieu, qu'elle soit v?n?r?e et ador?e en donnant ses mains et ses v?tements ? baiser, usurpatrice des hommages et au culte divin, h?r?tique ou du moins v?h?mentement suspecte d'h?r?sie ...".
Apr?s cela, d'Estivet proc?da ? la lecture des 70 articles de l'acte d'accusation, dont le pr?ambule ci-dessus en est le r?sum?. Jeanne se d?fendit bec et ongles, comme d'habitude ...
Le 31, on l'interrogea encore, pour un compl?ment d'informations, notamment sur ses voix.
Les 02, 03, 04 et 05 avril, Cauchon, Le Maistre et Nicolas Midi condens?rent les 70 articles en 12 articles, qui furent envoy?s aux "docteurs et experts" pour d?lib?ration, sous forme d'une c?dule r?quisitoire, portant sur les points suivants:
1- ses voix, ses visions et sa "mission".
2- le signe envoy? au dauphin Charles.
3- le fait que Saint-Michel lui est apparu.
4- gr?ce ? ses voix, elle croit savoir que certains ?v?nements doivent survenir.
5- le fait qu'elle a port? des habits d'hommes.
6- le fait d'?crire des lettres avec en en-t?te J?sus Marie.
7- son d?part de Domr?my ? 17 ans.
8- sa "tentative de suicide" ? Beaurevoir.
9- saintes Catherine et Marguerite lui promettent le paradis si elle garde sa viginit?.
10- le fait que Dieu aiment certaines personnes mais pas les bourguignons (!).
11- la r?v?rence qu'elle fait aux saintes quand elles apparaissent.
12- le fait que si l'?glise lui ordonne de faire quelque chose de contraire aux commandement de Dieu, elle refusera de lui ob?ir.
Dans les jours suivants, Cauchon et ses assesseurs re?urent les r?ponses des docteurs et experts. La plupart ?taient convaincus de l'h?r?sie de Jeanne ...
Le 02 mai, Jeanne persista ? dire qu'elle respecte l'?glise militante (celle du Pape), mais que son seul juge est l'?glise triomphante (celle de Dieu). Elle fut menac?e d'?tre abandonn?e par l'?glise si elle s'opini?trait dans le refus de se soumettre.
Le 09, on intima l'ordre ? Jeanne de r?pondre la v?rit? (comme s'ils ne la savaient pas) sur les points qu'elle avait autrefois ni?s, sous peine d'?tre soumise ? la torture; on lui montra les instruments pr?vus pour cela:"Si vous deviez me faire arracher les membres et faire partir l'?me du corps, je ne vous dirai pas autre chose; et si je vous en disais quelque chose apr?s, je dirais toujours que vous me l'auriez fait dire par force".
Le 12, en pr?sence de Cauchon et de Le Maistre, douze assesseurs "vot?rent" pour l'application de la torture: trois vot?rent pour (Thomas de Courcelles, Nicolas Loiseleur et Robert Le Barbier), et les neuf autres contre, pensant que c'?tait inutile, en raison de la volont? de la jeune femme.
Comme la majorit? a toujours raison, Jeanne put ?viter ce supplice.

XVII.

Cauchon avait envoy? ? Paris trois de ses comp?res, Jean Beaup?re, Jacques de Touraine et nicolas Midi, afin d'exposer "l'affaire Jeanne d'Arc" ? l'Universit?. Celle-ci d?libera le 29 avril sur les douze articles pr?cedemment cit?s.
Le 13 mai, l'Universit? fit parvenir sa r?ponse ? Cauchon:"Primo, que cette femme est schismatique, puisque le schisme est une s?paration illicite de l'unit? de l'Eglise [...] ; item, que cette femme erre en la foi, contredit l'article de la foi contenu dans le symbole: unam sanctam ecclesiam catholicam [...] ; item, que cette femme est apostate, car la chevelure que Dieu lui donna pour voile, elle la fit couper mal ? propos [...] et elle abandonna l'habit de femme [...] ; item, que cette femme est menteuse et devineresse quand elle se dit envoy?e de Dieu, et qu'elle ne se justifie pas par miracle en t?moignage sp?cial de l'Ecriture [...] ; item, que cette femme erre en la foi: [...] en d?clarant qu'elle aime mieux ne pas rececoir le corps du Christ, ne pas se confesser dans le temps ordonn? par l'Eglise, que de reprendre l'habit d'homme [...] ; item, que cette femme erre encore lorsqu'elle est aussi certaine d'?tre men?e en Paradis que si elle ?tait dej? dans la gloire des bienheureux [...]. En cons?quence, si cette femme, charitablement admonest?e par un juge comp?tent, ne veut pas revenir de bon gr? ? l'unit? de la foi catholique, abjurer publiquement son erreur, au bon plaisir de ce juge, et donner convenable satisfaction, elle doit ?tre abandonn?e ? la discr?tion du juge s?culier et recevoir la peine due ? l'importance de son crime [...] ".
Le 19 mai, on proc?da ? la lecture de la r?ponse ci-dessus. Les 51 personnes pr?sentes ce jour-l? en approuv?rent les conclusions.
Le 23 mai, on r?suma ? Jeanne la d?lib?ration de la Facult? et on tenta une derni?re fois de la raisonner, de lui faire abjurer ses erreurs. Vainement.
La cause ?tait entendue. Il ne restait qu'? prononcer le sentence.
Le 24, Jeanne fut conduite au cimeti?re de Saint-Ouen. L?, Mgr Cauchon commen?a ? lire la sentence qu'il avait pr?par?, et soudain, ? la moiti? de sa lecture, Jeanne, effray?e par l'id?e du b?cher, s'?cria qu'elle acceptait tout ce que voulait l'Eglise, qu'elle abjurait ses erreurs. On lui apporta une c?dule d'abjuration, qu'elle r?p?ta ? haute-voix et qu'elle signa de son nom:"[...] moi, Jeanne, commun?ment appel?e la Pucelle, mis?rable p?cheresse [...], Je confesse que j'ai tr?s gravement p?ch? en feignant mensong?rement d'avoir eu r?v?lations et apparitions de par Dieu [...]; en portant l'habit dissolu, difforme et d?shonn?te, contraire ? la d?cence de nature [...]. Confesse aussi que j'ai ?t? schismatique, et par plusieurs mani?res que j'ai err? dans la foi. [...] Aussi je jure et promets [...] que jamais, par quelque exhortation ou autre mani?re, ne retournerai aux erreurs devant dites ...".
Aussit?t, Cauchon pronon?a une autre sentence: Jeanne ?tait condamn?e "? la prison perp?tuelle, au pain de douleur et ? l'eau de tristesse, afin que tu y pleures ce que tu as commis et que tu ne commettes plus par la suite rien qu'il faille pleurer, notre gr?ce et notre pouvoir de mod?ration ?tant toujours saufs".
La Pucelle fut reconduite en prison, et rev?tit des habits f?minins. Elle ?tait devenue une prisonni?re, et cela pour le restant de sa vie.

XVIII.

Les Goddons ?taient furieux. Jeanne ?chappait au b?cher. Le capitaine anglais de Rouen, Warwick, fit savoir son m?contentement ? Cauchon; celui-ci aurait r?pondu:"messire, ne vous mettez pas en souci, nous la rattraperons bien !".
Le 28 mai, quelques juges se pr?cipit?rent dans la prison de Jeanne. On les avait pr?venus que la Pucelle avait repris les habits masculins, alors qu'elle avait jur? de ne plus le faire. L?, l'histoire est un peu floue. Jeanne dira qu'elle remit des habits d'hommes de son plein gr?. Mais plus tard, l'huissier Jean Massieu dira que ses gardiens lui avaient d?rob? ses v?tements f?minins, et qu'elle fut donc oblig?e de se v?tir en "homme" pour pouvoir se montrer.
A cette occasion, les juges lui rappel?rent qu'elle avait sign? une c?dule d'abjuration dans laquelle elle jurait de ne pas se v?tir ainsi. Et ils la questionn?rent encore, sur ses voix. Jeanne r?pondit qu'elle les avait entendue depuis le 24 mai, et qu'elle ?tait persuad?e qu'elles venaient de Dieu. Les juges lui rappel?rent qu'elle avait reconnu ses mensonges:"Tout ce que j'ai fait, c'est par peur du feu. Tout ce que j'ai r?voqu? est contre la v?rit? ... J'aime mieux faire ma p?nitence en une fois, c'est assavoir mourir, que d'endurer plus longue peine de prison".
Elle avait tout dit. Les juges l'abandonn?rent ...
Le 29, Cauchon d?clara que Jeanne ?tait relapse, c'est-?-dire qu'elle ?tait retomb?e dans l'h?r?sie; la sentence sera ?x?cut?e le lendemain 30 mai, ? 08 heures du matin, sur la place du Vieux-March? ...
Ce matin-l?, Jeanne put communier. Ensuite, tr?s fortement escort?e, par crainte d'un enl?vement, elle fut conduite sur la place. L?, Cauchon proclama la sentence d?finitive, devant une foule nombreuse, compos?e d'anglais press?s et rieurs, et de fran?ais constern?s et tristes.
Le Bourgeois de Paris (qui n'a pas assist? ? l'?x?cution):"Elle fut li?e ? un pieu qui ?tait sur l'?chafaud qui ?tait de pl?tre, et le feu sur lui, et l? elle fut bient?t asphyxi?e et sa robe toute br?l?e. Et puis les flammes furent pouss?es en arri?re, et elle fut vue de tout le peuple toute nue et tous les secrets qui peuvent ?tre ou doivent ?tre en corps de femme, cela pour oter les doutes du peuple. Et quand ils l'eurent tous assez vue et ? leur gr?, morte et li?e au poteau, le bourreau mit le feu ? son pauvre cadavre, qui fut bient?t enti?rement br?l?, et ses os et chairs mis en cendres. Il y en avait qui disaient que c'?tait une martyre qui ?tait morte pour son vrai seigneur, et d'autres qu'elle avait mal agi et fait beaucoup de mal ? ceux qui l'avaient tant gard?e prisonni?re. Ainsi disait le peuple. Mais quelque mal ou bien qu'elle ait fait, elle n'en fut pas moins br?l?e ce jour-l?".
On peut trouver un r?confort en se disant qu'elle est morte asphixi?e plut?t que br?l?e.
Jeanne mourut en criant le nom de J?sus, devant la foule devenue soudain silencieuse (m?me les anglais).

Un de ses juges, Jean Alesp?e, en larmes, dira:"je voudrais que mon ?me f?t o? je crois qu'est l'?me de cette femme".
Jean Tressart, secr?taire du roi d'Angleterre:"nous sommes tous perdus, nous avons br?l? une personne sainte ... Son ?me est s?rement dans la main de Dieu. Au milieu des flammes, elle n'a cess? de proclamer le nom de Notre Seigneur J?sus".
Ses cendres furent jet?es dans la Seine, afin d'?viter qu'on en fit des reliques.

Le 10 novembre 1449, Charles VII fit une entr?e triomphale deans Rouen, mettant fin ainsi ? la reconqu?te de la Normandie. Aussit?t, il chargea Guillaume Bouill? de diligenter une enqu?te sur le proc?s de 1431.
Cette enqu?te dura jusqu'en 1456. On interrogea tous ceux qui avaient connu Jeanne, ses amis, ses compagnons d'armes (le B?tard et d'Alen?on, notamment), et m?me certains de ses juges.
Le 07 juillet 1456, on proclama une sentence d'annulation:
"[...] Nous disons et pronon?ons, d?cidons que lesdits proc?s et les sentences contenant dol, calomnies, contradictions, et erreurs manifestes de droit et de fait, ainsi que la susdite abjuration, l'?x?cution et toutes les suites, furent et sont nuls, invalides, sans effets et sans valeurs [...] ".

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